LE LYCEE MWANGA : DES FLAMMES, DES LARMES
ET DES CRIS DE DETRESSE.
La scène est apocalyptique : en cet avant-midi du lundi 24 avril 2023, le Lycée Mwanga est en flammes. Les élèves et leurs enseignants et professeurs ont commencé à vider les salles des classes. Beaucoup d’autres jeunes enfants de l’école primaire se sont réfugiées sur une espèce de balcon d’où elles se jettent à corps perdu vers le sol.
C’est
avec larmes aux yeux qu’on regarde ces jeunes enfants, parfois hésitantes, se
lancer finalement dans le vide. Tout parait surréel. Des sauveteurs tentent de
leur tendre des matelas pour amortir le choc. Une longue échelle est aussi
placée pour secourir les unes et les autres. Chacune a son sort, pourvu
qu’elles échappent aux flammes. Un
tableau d’un film hollywoodien s’offre aux
nombreux spectateurs accourus sur les lieux où se déroule le
drame : beaucoup captent sur leurs smartphones ces instants tragiques et
historiques vécus par les fillettes en larmes.
Ils ont envahi la cours de l’école de part et d’autre. Et dans cette
foule, quelques véhicules anti-incendie essaient de lancer désespérément des jets d’eau sur le bâtiment en feu. Rien
ne semble arrêter les flammes. Des jeunes gens volontaires ont grimpé sur la
toiture non encore touché :avec des seaux d’eau qu’on leur fait parvenir
d’en bas, ils versent leur petit contenu sur les flammes intraitables. Au sol, des filles allongées sur la pelouse
sont traumatisées. Ailleurs elles courent dans tous les sens rejoignant leurs
parents venus à la rescousse. Les ambulances ont commencé à se relayer pour
récupérer les blessées et les acheminer dans les centres hospitaliers. Quelques
‘’motards-taxi’’ en font autant.
Une religieuse encore
sous le choc raconte « C’est depuis la nuit qu’un départ de feu a été
signalé du côté de l’internat. Après que nous ayons fait appel à la brigade
anti-incendie, on a cru avoir maitrisé la situation.
Et les élèves ont
commencé la journée des cours sans aucune inquiétude. C’est vers 9h30 que le
feu s’est déclaré alors avec force. Une fumée étouffante s’était emparée de
toute l’école, puis des flammes… C’est horrible ». La Directrice de l’Ecole primaire quitte les
locaux du rez-de-chaussée vers 12h00, fatiguée, la mine toute défaite. Elle est
soutenue et exprime en larmes ses craintes pour ses élèves-filles. En effet
aucun bilan n’est encore annoncé à cette heure. Et les supputations des badauds
vont bon train : le bilan en vies humaines serait très lourd prédisent
certains.
Quelques heures plus
tard dans l’après-midi, on annonce enfin officiellement un premier bilan :
aucun décès, 132 élèves blessées dont plusieurs sont internées soit à HPK
(Hôpital du Personnel de la Gécamines Kolwezi), soit à l’Hôpital Méthodiste,
soit à l’Hôpital Général de Référence de Mwangeji. Quant au bilan matériel, il
est très lourd : 2 ailes du premier étage, notamment la partie de
l’internat et celle des classes des filles de l’école primaire sont parties en
fumée.
La ville de Kolwezi toute entière
est en émoi : le Lycée Mwanga est l’une de grandes écoles au centre de la
ville. Jamais pareille chose n’est arrivée auparavant. Le lendemain, c’est avec
pincement au cœur qu’on apprend le décès d’une première victime : son
nom fait le buzz des réseaux
sociaux : Glody NTANGA MALOBA. Les Sœurs de Notre-Dame, responsables de
cet établissement scolaire sont sur toutes les lèvres. Chacun y va de son
commentaire de ce qu’elles devraient ou ne pas faire. Il a fallu du cran, de la
patience et du courage pour ces Sœurs afin de mieux gérer la situation. On en
dira autant pour les membres du Gouvernement Provincial du Lualaba, car les
spectateurs au stade de football sont meilleurs dans le savoir-faire et
‘’savoir-parler’’ que les joueurs eux-mêmes sur terrain.
En attendant, la Communauté des Sœurs
de Notre-Dame, des enseignants et des élèves du Lycée Mwanga est entrain de
panser ses plaies progressivement avec l’aide des hommes et femmes de bonne
volonté et avec l’aide de Dieu. Seul reste dans la tête de tous, le souvenir
éternel de ce drame.
UN MOIS APRES LE SINISTRE DE L’INCENDIE DU LYCEE MWANGA, LE DIOCESE DE KOLWEZI A ORGANISE UNE MESSE DE RECONFORT POUR LA COMMUNAUTE DES ELEVES ET DES SŒURS DE NOTRE-DAME CHANOINESSES DE SAINT AUGUSTIN
La célébration eucharistique a eu
lieu, devant le Lycée Mwanga ce mercredi 24 mai 2023 jour de Mémoire de la
Bienheureuse Vierge Marie Auxiliatrice, Secours des Chrétiens. Elle a été
présidée par Son Excellence Monseigneur Richard Kazadi Kamba et concélébrée par
une vingtaine de prêtres.
Le Diocèse de Kolwezi a voulu, par cette cérémonie raviver la foi, l’espérance et la joie de ces jeunes enfants encore sous le choc du drame survenu le 24 avril dernier. C’est ce que Monseigneur l’Evêque a relevé dans son homélie : « Nous sommes venus, en tant que Diocèse, vous rassurer de notre proximité paternelle et fraternelle, a insisté l’Evêque ». Se basant sur les lectures du jour (Actes 20, 28-38 ; Jean 17, 11-19), il a notamment livré les enseignements ci-après : 1) Nous ne sommes pas maîtres de notre vie sur terre, 2) nous avons à percevoir avec les yeux de la foi ce qui nous arrive, 3) nous sommes conviés à prier pour les deux enfants qui ont perdu leur vie suite à ce sinistre : Ntanga Maloba Glody et Kasongo Ngoie Emmanuella ; redire avec Saint Paul que ‘’rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ’’ (Rm 8, 35) et avec Job ces paroles de foi profonde :’’Dieu a donné, Dieu a repris, que son nom soit béni’’ (Jb 1, 21)
Des religieuses des Sœurs de Notre-Dame venues de Rome ont pris part à cette célébration eucharistique. Il s’agit de la Mère Générale et d’une forte délégation des religieuses et laïcs de plusieurs nationalités (vietnamiennes, brésiliennes, française…) venues spécialement compatir à la souffrance de la Communauté du Lycée Mwanga.
A la fin de la messe, Monseigneur l’Evêque a
présenté aux Sœurs, sous les applaudissements de l’assemblée, la contribution du Diocèse de Kolwezi
composée de 300 tôles de 6 mètres de longueur. Ce qui permettra de couvrir
entièrement la partie endommagée du Lycée.
Enchaînant avec l’esprit de la messe, Monseigneur
Richard s’est rendu ensuite sur les lieux du deuil, dans la famille de la
défunte jeune élève Kasongo Ngoïe Emmanuella qui venait de rendre l’âme dans
une clinique de Lubumbashi presqu’un mois plus tard. L’enterrement devra
intervenir incessamment.
La journée du 24 mai aura été pour le Diocèse de Kolwezi et la Communauté des élèves et des Sœurs de Notre-Dame un moment de communion et de consolation dans le Seigneur.
Abbé Alain Kalenda Ket
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