dimanche 19 septembre 2010

EXPLOITATION DES RESSOURCES MINIERES A KOLWEZI : VERS LA CREATION D’UN FORUM DE CONCERTATION.




Délégation CERN et les Chefs Coutumiers de Kolwezi

La CERN (Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles), conduite par le Secrétaire Episcopal, Monsieur Henri MUHIYA,  a entrepris la semaine  dernière de visiter les différents protagonistes de l’exploitation minière à Kolwezi. Il s’agissait pour elle, de présenter les membres locaux de l’Observatoire de la CERN à Kolwezi. La visite s’est effectuée notamment auprès du Maire de la Ville, Madame Cime Jinga, auprès des responsables de quelques entreprises minières, de SAESCAM, de la Société Civile et des Chefs Coutumiers. Partout où la Délégation de la CERN a été reçue, Monsieur Henri Muhiya a voulu établir des  passerelles pour une collaboration de l’Observatoire avec tous. Il a particulièrement insisté sur le dialogue entre les institutions et aussi sur l’échange des informations. Ce qui, au final, aboutirait à une exploitation rationnelle et apaisée de nos richesses. La CERN exerce son plaidoyer à différents niveaux, a poursuivi le Secrétaire de la Commission Episcopale : au niveau international, au niveau du Gouvernement et au niveau de la population. Les deux premiers niveaux sont des instances des décisions qui, souvent,  sont prises à l’insu et même en défaveur de la base (niveau de la population). Ainsi notre pays est proclamé comme étant extrêmement riche mais avec une population comptée parmi les plus pauvres du monde. Cela est anormal, a souligné Monsieur Henri Muhiya à ses interlocuteurs successifs.
La démarche de la CERN a été jugée  par tous comme pertinente et importante. Madame Le Maire de la Ville a encouragé l’Observatoire et a demandé de mettre « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », si non ce ne serait qu’une organisation de nom, sans impact et maladroite.
La Société Civile, présente sur terrain et qui œuvre déjà dans ce domaine par des actes bien connus de la population, ne pouvait que se rallier à pareille initiative. Le Secrétaire Exécutif de cette structure  a souligné que la ville de Kolwezi est entrain de se bâtir sur une poudrière : si on n’y prend garde, on court vers un réel danger d’affrontements multiformes. Il a parlé notamment   des creuseurs miniers artisanaux, ces jeunes gens que les multinationales obligent régulièrement de déguerpir  des sites d’exploitation minières, au gré des circonstances. Cette catégorie de la population est un groupe  hétéroclite, composée de personnes qui viennent d’horizons différents. A plusieurs reprises des heurts ont éclaté,  opposant les creuseurs aux forces de  l’ordre. La route Kolwezi-Likasi a été parfois occupée par ces creuseurs, empêchant toute circulation d’automobiles. On a parfois déploré des morts ou des incendies, par ci par là…  Et, aujourd’hui, les mécontentements enflent encore un peu partout et les révoltes des creuseurs que les autorités essayent de maîtriser tant bien que mal se multiplient.
Compte tenu de cette situation, la Société Civile négocie un Forum de concertation. La CERN se rallie à cette idée pour qu’ensemble on puisse parvenir à la création d’un cadre de médiation qui aurait pour membres, outre l’Autorité Urbaine et les Services Etatiques, La Société Civile et l’Observatoire CERN, les Creuseurs, les Syndicats des Entreprises, le Représentant des Chefs Coutumiers… Dans un meilleur délai, ce Forum sera mis en place et constituera essentiellement un cadre de prévention et de  règlement des conflits.
La rencontre avec les Chefs Coutumiers avec, à leur tête, leur Président, le Chef Mwamfwe a confirmé les inquiétudes qui existent dans cette ville de Kolwezi. Ils ont spécialement fustigé le manque de considération dont ils sont l’objet de la part des Entreprises d’exploitation minière. Les Chefs de terre peuvent être délocalisés selon les intérêts des multinationales. Qui cède la terre à qui finalement ? Ou bien encore, qui des entreprises minières ou des Chefs coutumiers se retrouvent dans la concession d’autrui, ont-ils questionné. Les Chefs coutumiers de Kolwezi ne peuvent donc pas tolérer la suprématie du code minier sur le code foncier. Ils demandent que cessent les quadrillages de leurs terres à partir des bureaux de Kinshasa ou des Etats-Unis, sans les consulter. Ils estiment avec véhémence, que tous les contrats miniers doivent être revisités pour que les habitants de Kolwezi y retrouvent leurs comptes.
Bref, les parties en présence aspirent à la tenue de ce Forum et à la création d’un cadre permanent de dialogue et d’information. C’est ce désir qui a été spécialement attisé par la CERN lors de ses activités du 16 au 18 septembre derniers. Abbé Alain Kalenda Ket.

mardi 7 septembre 2010

RENTREE SCOLAIRE A KOLWEZI

RENTREE  SCOLAIRE  A KOLWEZI : LES PARTENAIRES DE L’ENSEIGNEMENT EN BROUILLE.
La rentrée scolaire à Kolwezi  n’a pas été effective ce lundi 06 septembre 2010.  Les enseignants de Kolwezi et du District du Lualaba n’ont  pas encore été payés pour les mois de juillet et d’août.  En application du point 8 du  Protocole d’accord sanctionnant, le 20 août 2010, la fin des négociations entre le Gouvernement et l’Intersyndicale des Enseignants du Congo,  la Synergie des Syndicats des enseignants de Kolwezi a demandé aux «  camarade enseignants » de ne pas reprendre le chemin de l’école au jour prévu de la rentrée scolaire.  Le point 8, en effet, stipule que le Gouvernement s’engageait à effectuer la paie des salaires des mois de juillet et août avant le 06 septembre afin de garantir une rentrée scolaire apaisée.
Le paradoxe est que la Gouvernement semble avoir tenu parole : les salaires des enseignants ont été virés sur le compte habituel de la Banque TMB. Mais celle-ci déclare manquer des liquidités et cela depuis déjà quelques jours. Ce qui irrite les enseignants ce que TMB/Kolwezi reprend le même refrain chaque mois en privilégiant plutôt la paie des Entreprises minières.
La confusion se trouve dans l’application du point 8 : dès lors,  beaucoup d’observateurs se demandent, contre qui est dirigée cette grève ?  Contre le Gouvernement ? Contre les parents qui, pourtant ont d’ores et déjà ont payé les fameux FIP ? Contre les autorités scolaires de la Province Educationnelle Katanga IV ?   Contre la Mairie de Kolwezi ou contre la Banque TMB ?  La brouille semble de taille : l’énervement des parents est perceptible. Les autorités civiles et scolaires interviennent tant bien que mal de ramener « à la raison » les enseignants. Ces derniers ne veulent  être convaincus que par un seul argument : l’argent de juillet et d’août qu’importe l’acteur coupable qu’ils connaissent bien, la TMB.
Au réveil, ce lundi 06 septembre 2010 les bleus et blancs sont réapparus  sur le trottoir. A l’école, où ils sont arrivés, ils ne comprenaient simplement pas ce qui se passait.  Quelques enseignants présents malgré tout  dans certaines écoles n’osaient pas prononcer le traitre mot de grève devant ces enfants innocents.
L’Intersyndicale de Kolwezi a tenu sa réunion cet après-midi : « Les enseignants seront bel et bien dans les écoles demain mardi 07, mais ils  resteront inactifs ». C’est la déclaration que nous avons recueilli du  porte-parole. En outre, les Syndicalistes demandent d’être accompagnés à la Mairie et, au besoin, à la Banque TMB par le Chef de Division de l’EPSP Katanga IV et les autres Gestionnaires (Sous-Proved et Coordinateurs des Ecoles). Pourquoi faire ?  Un feuilleton qui n’a pas encore dit son dernier mot.
Abbé Alain Kalenda Ket, Kolwezi.