Délégation CERN et les Chefs Coutumiers de Kolwezi |
La CERN (Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles), conduite par le Secrétaire Episcopal, Monsieur Henri MUHIYA, a entrepris la semaine dernière de visiter les différents protagonistes de l’exploitation minière à Kolwezi. Il s’agissait pour elle, de présenter les membres locaux de l’Observatoire de la CERN à Kolwezi. La visite s’est effectuée notamment auprès du Maire de la Ville, Madame Cime Jinga, auprès des responsables de quelques entreprises minières, de SAESCAM, de la Société Civile et des Chefs Coutumiers. Partout où la Délégation de la CERN a été reçue, Monsieur Henri Muhiya a voulu établir des passerelles pour une collaboration de l’Observatoire avec tous. Il a particulièrement insisté sur le dialogue entre les institutions et aussi sur l’échange des informations. Ce qui, au final, aboutirait à une exploitation rationnelle et apaisée de nos richesses. La CERN exerce son plaidoyer à différents niveaux, a poursuivi le Secrétaire de la Commission Episcopale : au niveau international, au niveau du Gouvernement et au niveau de la population. Les deux premiers niveaux sont des instances des décisions qui, souvent, sont prises à l’insu et même en défaveur de la base (niveau de la population). Ainsi notre pays est proclamé comme étant extrêmement riche mais avec une population comptée parmi les plus pauvres du monde. Cela est anormal, a souligné Monsieur Henri Muhiya à ses interlocuteurs successifs.
La démarche de la CERN a été jugée par tous comme pertinente et importante. Madame Le Maire de la Ville a encouragé l’Observatoire et a demandé de mettre « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », si non ce ne serait qu’une organisation de nom, sans impact et maladroite.
La Société Civile, présente sur terrain et qui œuvre déjà dans ce domaine par des actes bien connus de la population, ne pouvait que se rallier à pareille initiative. Le Secrétaire Exécutif de cette structure a souligné que la ville de Kolwezi est entrain de se bâtir sur une poudrière : si on n’y prend garde, on court vers un réel danger d’affrontements multiformes. Il a parlé notamment des creuseurs miniers artisanaux, ces jeunes gens que les multinationales obligent régulièrement de déguerpir des sites d’exploitation minières, au gré des circonstances. Cette catégorie de la population est un groupe hétéroclite, composée de personnes qui viennent d’horizons différents. A plusieurs reprises des heurts ont éclaté, opposant les creuseurs aux forces de l’ordre. La route Kolwezi-Likasi a été parfois occupée par ces creuseurs, empêchant toute circulation d’automobiles. On a parfois déploré des morts ou des incendies, par ci par là… Et, aujourd’hui, les mécontentements enflent encore un peu partout et les révoltes des creuseurs que les autorités essayent de maîtriser tant bien que mal se multiplient.
Compte tenu de cette situation, la Société Civile négocie un Forum de concertation. La CERN se rallie à cette idée pour qu’ensemble on puisse parvenir à la création d’un cadre de médiation qui aurait pour membres, outre l’Autorité Urbaine et les Services Etatiques, La Société Civile et l’Observatoire CERN, les Creuseurs, les Syndicats des Entreprises, le Représentant des Chefs Coutumiers… Dans un meilleur délai, ce Forum sera mis en place et constituera essentiellement un cadre de prévention et de règlement des conflits.
La rencontre avec les Chefs Coutumiers avec, à leur tête, leur Président, le Chef Mwamfwe a confirmé les inquiétudes qui existent dans cette ville de Kolwezi. Ils ont spécialement fustigé le manque de considération dont ils sont l’objet de la part des Entreprises d’exploitation minière. Les Chefs de terre peuvent être délocalisés selon les intérêts des multinationales. Qui cède la terre à qui finalement ? Ou bien encore, qui des entreprises minières ou des Chefs coutumiers se retrouvent dans la concession d’autrui, ont-ils questionné. Les Chefs coutumiers de Kolwezi ne peuvent donc pas tolérer la suprématie du code minier sur le code foncier. Ils demandent que cessent les quadrillages de leurs terres à partir des bureaux de Kinshasa ou des Etats-Unis, sans les consulter. Ils estiment avec véhémence, que tous les contrats miniers doivent être revisités pour que les habitants de Kolwezi y retrouvent leurs comptes.
Bref, les parties en présence aspirent à la tenue de ce Forum et à la création d’un cadre permanent de dialogue et d’information. C’est ce désir qui a été spécialement attisé par la CERN lors de ses activités du 16 au 18 septembre derniers. Abbé Alain Kalenda Ket.
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