samedi 16 avril 2011

LE CHEMIN DE LA CROIX DES MAMANS CATHOLIQUES DE KOLWEZI

Plus d’un millier des mamans catholiques des paroisses de Kolwezi ont vécu leur chemin de la croix ce samedi 16 avril 2011.
            Une semaine avant Pâques et quelques jours avant la semaine sainte et le Triduum pascal, les mamans catholiques font monter la pression de la piété pascale : on a vécu déjà ce samedi avant les Rameaux, l’air de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ avec ce lourd et long chemin de la croix. De la cathédrale au Domaine Marial, près de 5 Km de prières et de litanies réparties sur les 14 stations du Chemin de la Croix.
            Avant la célébration eucharistique qui devait commencer après 3 heures de marche, Maman Eugénie Ndala, Présidente des Mamans Catholiques du Diocèse de Kolwezi a pris la parole pour donner le sens de ce chemin de la croix : « Au Congo, tout comme partout en Afrique, la puissance de feu couve. Nous vivons sous la menace constante des guerres. Nous devons nous confier à notre Mère du ciel et à son fils Jésus-Christ pour demander la paix, spécialement pour notre pays. Car, seuls, nous ne pouvons rien faire ». La messe a été présidée par Monseigneur l’Evêque de Kolwezi.


Les mamans Catholiques devant la Cathedrale, avant la marche

La colonne monte vers le Domaine Marial

            L’affluence des mamans à ce chemin de la croix montre suffisamment leur degré de foi. Certaines nous ont confié qu’elles se sentaient bien malades au départ. Mais effectuer cette marche constituait pour elles une façon de prendre part à la souffrance du Christ pour la rémission de leurs péchés. D’autres ont insisté sur l’occasion favorable pour présenter à Dieu leurs besoins ou leurs souffrances. D’autres encore voulaient manifester par cette démarche une façon de s’unir intimement à la souffrance de l’humanité et de prier pour elle.
            Nous avons effectivement mesuré l’intensité de la foi de ces mamans en les voyant exécuter chacun de leurs gestes ou en écoutant chacune de leurs paroles.
            Géographiquement,    la marche vers le Domaine Marial est littéralement une montée. Et quand les mamans l’exécutent avec une lourde croix sur les épaules, on comprend qu’il s’agit de vivre la passion du Christ et non pas seulement de l’écouter lire dans les évangiles.
            Notez que le groupe qu’on appelle « Mamans Catholiques » est un mouvement d’action catholique disséminé à travers toute la République Démocratique du Congo. Il a été créé par feu le Cardinal Joseph Malula. Aujourd’hui ces mamans se distinguent par leurs œuvres de charité.
Alain Kalenda Ket

mercredi 13 avril 2011

UNE TRIBUNE D’EXPRESSION POPULAIRE SUR L’EXPLOITATION MINIERE A KOLWEZI

« Les populations de Kolwezi sont livrées à la mort dans l’exploitation irrationnelle des minerais », c’est ce qu’a déclaré l’Evêque de Kolwezi, Mgr Nestor Ngoy Katahwa,  en prenant la parole ce dimanche 10 avril 2011 à la Tribune d’Expression populaire.
Organisée par la CERN (Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles), la Tribune d’Expression Populaire a réuni au Cercle Familial Forum (CFF)de Kolwezi,  plusieurs personnalités de l’élite intellectuelle de cette ville pour débattre sur l’impact de l’exploitation minière.

D’entrée de jeu, la CERN a lu la question centrale du débat : « L’exploitation minière industrielle et artisanale a-t-elle des effets positifs ou négatifs pour la ville de Kolwezi ? » Les participants ne se sont pas fait prier pour tout de suite donner leurs points de vue. Chiffres à l’appui, on a démontré l’ampleur de l’exploitation minière ces dernières années. Mais une exploitation sans vrai impact positif ; car,  apparemment, ni le pays, ni la ville de Kolwezi ne bénéficient réellement des exportations des minerais. Le code minier est mis en cause. Et, des comparaisons ont été faites entre l’exploitation des colons belges et celle de nouveaux « prédateurs » du 21e siècle : on se rend compte que les Belges jadis ont tout de même construit des infrastructures, des villes, des vraies routes, des écoles, des hôpitaux. La plupart des bâtiments publics que nous connaissons aujourd’hui, sont l’héritage de l’époque coloniale. Par contre ce dont nous sommes gratifiés par les exploitants actuels sont des rafistolages  d’écoles ou hôpitaux : l’exemple du village Kawama où pullulent des populations venant de toute la République du Congo est très saisissant. Ces gens vivent dans des bâches ou à la belle étoile, dans des conditions hygiéniques et sanitaires déplorables. Les creuseurs artisanaux sont roulés par des négociants sans scrupule qui n’hésitent pas à fausser les balances et à déclarer des teneurs moindres pour des minerais qu’ils revendront très chers. C’est ici où un intervenant a relevé ce qu’il a dénommé les piliers du mal, à savoir 1°l’Etat qui ne protège pas les exploitants artisanaux, ballotés au gré des intérêts étrangers ; 2°les lobbies des puissances étrangères fortement organisées au détriment du petit peuple, etc. Kolwezi est en paix, dit-on, a renchéri un autre intervenant : C’est parce que  les jeunes gens ont un semblant d’occupation à Kawama où ils creusent les minerais. Mais, a-t-il souligné à l’intention de l’Evêque, ils ne sont pas dupes, Kawama reste une bombe à retardement, c’est un espace de bouillonnement des mentalités hétéroclites, l’Eglise doit y prendre garde, a-t-il prévenu, comme si c’est finalement l’Eglise qui serait plus apte à veiller sur la sécurité des populations.

Des participants à la tribune d'expression populaire

            Les participants à cette Tribune populaire, qui n’ont pas tari de verve toute cette après-midi dominicale, ont de plusieurs manières, déploré l’exploitation irrationnelle de nos minerais. Ils ont demandé une nouvelle façon de s’organiser pour que Kolwezi, ville dénommée poumon économique de la RD Congo ne soit pas toujours ce parent pauvre qui construit Kinshasa et/ou bien d’autres villes au Congo et à l’étranger. A la manière de Dubaï, Kolwezi doit être construite grâce à ses minerais.
Le Bourgmestre de la Commune de Dilala (où est situé le quartier des affaires de Kolwezi) qui prenait part à ces échanges a félicité les organisateurs de ce débat et a souhaité que cela se fasse aussi à l’intention des masses villageoises qui environnent Kolwezi.
Le répondant de la CERN, Monsieur l’Abbé Marcel Ngweji a, quant à lui, rappelé un des objectifs immédiats de l’organisation de cette journée, à savoir, préparer une conférence internationale qui aura lieu au Canada ce mois d’avril 2011 sur le thème : Les investissements miniers et le développement de l’Afrique ; Bilan actuel et perspectives d’avenir. Cette conférence offrirait un cadre de dialogue multi acteurs et aurait pour objectifs de :
-          Cerner la problématique de l’exploitation minière en Afrique ;
-          Évaluer la situation réelle sur le terrain, les forces ainsi que les limites des initiatives des uns et des autres ;
-          Dégager les perspectives de collaboration entre les parties prenantes (Gouvernement-Opérateurs  miniers-Communautés  locales,etc.) en vue d’identifier les pistes de solution pour le développement effectif et durable.
C’est pourquoi, la Tribune d’Expression Populaire se devait de contribuer à l’actualisation des données et à l’élaboration des stratégies relatives à deux thèmes ciblés, à savoir :
-          Domaine minier et développement durable ;
-          Activités minières et amélioration du bien-être de la population.
A cette conférence internationale du Canada, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), à travers sa Commission ad hoc pour les Ressources Naturelles (CERN/CENCO), est invitée à présenter une communication  sur l’impact des projets miniers en République Démocratique du Congo, cas du Katanga. Cette présentation devra être fondée sur des données actualisées issues d’une enquête et de Tribune d’expression populaire à mener sur le terrain.
Le Responsable de la CERN a regretté du fait qu’à Lubumbashi, à Kipushi, à Kilwakasenga, les Observatoires pour les Ressources Naturelles ont reçu l’autorisation des autorités administratives pour organiser l’enquête dans les différentes entreprises, tel n’est pas le cas pour Kolwezi.
Un autre rendez-vous est fixé par la CERN où elle aura à échanger, cette fois-ci, avec les masses laborieuses. Tout le monde a souhaité que des rencontres de ce genre soient régulièrement organisées afin d’amener les différents acteurs à construire réellement Kolwezi.
Alain Kalenda Ket