mercredi 13 avril 2011

UNE TRIBUNE D’EXPRESSION POPULAIRE SUR L’EXPLOITATION MINIERE A KOLWEZI

« Les populations de Kolwezi sont livrées à la mort dans l’exploitation irrationnelle des minerais », c’est ce qu’a déclaré l’Evêque de Kolwezi, Mgr Nestor Ngoy Katahwa,  en prenant la parole ce dimanche 10 avril 2011 à la Tribune d’Expression populaire.
Organisée par la CERN (Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles), la Tribune d’Expression Populaire a réuni au Cercle Familial Forum (CFF)de Kolwezi,  plusieurs personnalités de l’élite intellectuelle de cette ville pour débattre sur l’impact de l’exploitation minière.

D’entrée de jeu, la CERN a lu la question centrale du débat : « L’exploitation minière industrielle et artisanale a-t-elle des effets positifs ou négatifs pour la ville de Kolwezi ? » Les participants ne se sont pas fait prier pour tout de suite donner leurs points de vue. Chiffres à l’appui, on a démontré l’ampleur de l’exploitation minière ces dernières années. Mais une exploitation sans vrai impact positif ; car,  apparemment, ni le pays, ni la ville de Kolwezi ne bénéficient réellement des exportations des minerais. Le code minier est mis en cause. Et, des comparaisons ont été faites entre l’exploitation des colons belges et celle de nouveaux « prédateurs » du 21e siècle : on se rend compte que les Belges jadis ont tout de même construit des infrastructures, des villes, des vraies routes, des écoles, des hôpitaux. La plupart des bâtiments publics que nous connaissons aujourd’hui, sont l’héritage de l’époque coloniale. Par contre ce dont nous sommes gratifiés par les exploitants actuels sont des rafistolages  d’écoles ou hôpitaux : l’exemple du village Kawama où pullulent des populations venant de toute la République du Congo est très saisissant. Ces gens vivent dans des bâches ou à la belle étoile, dans des conditions hygiéniques et sanitaires déplorables. Les creuseurs artisanaux sont roulés par des négociants sans scrupule qui n’hésitent pas à fausser les balances et à déclarer des teneurs moindres pour des minerais qu’ils revendront très chers. C’est ici où un intervenant a relevé ce qu’il a dénommé les piliers du mal, à savoir 1°l’Etat qui ne protège pas les exploitants artisanaux, ballotés au gré des intérêts étrangers ; 2°les lobbies des puissances étrangères fortement organisées au détriment du petit peuple, etc. Kolwezi est en paix, dit-on, a renchéri un autre intervenant : C’est parce que  les jeunes gens ont un semblant d’occupation à Kawama où ils creusent les minerais. Mais, a-t-il souligné à l’intention de l’Evêque, ils ne sont pas dupes, Kawama reste une bombe à retardement, c’est un espace de bouillonnement des mentalités hétéroclites, l’Eglise doit y prendre garde, a-t-il prévenu, comme si c’est finalement l’Eglise qui serait plus apte à veiller sur la sécurité des populations.

Des participants à la tribune d'expression populaire

            Les participants à cette Tribune populaire, qui n’ont pas tari de verve toute cette après-midi dominicale, ont de plusieurs manières, déploré l’exploitation irrationnelle de nos minerais. Ils ont demandé une nouvelle façon de s’organiser pour que Kolwezi, ville dénommée poumon économique de la RD Congo ne soit pas toujours ce parent pauvre qui construit Kinshasa et/ou bien d’autres villes au Congo et à l’étranger. A la manière de Dubaï, Kolwezi doit être construite grâce à ses minerais.
Le Bourgmestre de la Commune de Dilala (où est situé le quartier des affaires de Kolwezi) qui prenait part à ces échanges a félicité les organisateurs de ce débat et a souhaité que cela se fasse aussi à l’intention des masses villageoises qui environnent Kolwezi.
Le répondant de la CERN, Monsieur l’Abbé Marcel Ngweji a, quant à lui, rappelé un des objectifs immédiats de l’organisation de cette journée, à savoir, préparer une conférence internationale qui aura lieu au Canada ce mois d’avril 2011 sur le thème : Les investissements miniers et le développement de l’Afrique ; Bilan actuel et perspectives d’avenir. Cette conférence offrirait un cadre de dialogue multi acteurs et aurait pour objectifs de :
-          Cerner la problématique de l’exploitation minière en Afrique ;
-          Évaluer la situation réelle sur le terrain, les forces ainsi que les limites des initiatives des uns et des autres ;
-          Dégager les perspectives de collaboration entre les parties prenantes (Gouvernement-Opérateurs  miniers-Communautés  locales,etc.) en vue d’identifier les pistes de solution pour le développement effectif et durable.
C’est pourquoi, la Tribune d’Expression Populaire se devait de contribuer à l’actualisation des données et à l’élaboration des stratégies relatives à deux thèmes ciblés, à savoir :
-          Domaine minier et développement durable ;
-          Activités minières et amélioration du bien-être de la population.
A cette conférence internationale du Canada, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), à travers sa Commission ad hoc pour les Ressources Naturelles (CERN/CENCO), est invitée à présenter une communication  sur l’impact des projets miniers en République Démocratique du Congo, cas du Katanga. Cette présentation devra être fondée sur des données actualisées issues d’une enquête et de Tribune d’expression populaire à mener sur le terrain.
Le Responsable de la CERN a regretté du fait qu’à Lubumbashi, à Kipushi, à Kilwakasenga, les Observatoires pour les Ressources Naturelles ont reçu l’autorisation des autorités administratives pour organiser l’enquête dans les différentes entreprises, tel n’est pas le cas pour Kolwezi.
Un autre rendez-vous est fixé par la CERN où elle aura à échanger, cette fois-ci, avec les masses laborieuses. Tout le monde a souhaité que des rencontres de ce genre soient régulièrement organisées afin d’amener les différents acteurs à construire réellement Kolwezi.
Alain Kalenda Ket

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