mercredi 18 juin 2014

KOLWEZI : LA GECAMINES AU RYTHME DES GREVES


Cris de révolte, vieux pneus brûlés sur la chaussée, bâtons brandis en l’air, barricades, marches…  ce sont les scènes auxquelles se livrent les travailleurs de la Gécamines-Kolwezi ces derniers jours depuis le début du mois de  juin. Ils revendiquent le paiement de quatre mois de salaire. Le premier mouvement a eu lieu le 02 juin : ce jour-là, les travailleurs ont décidé de débrayer. Ils ont vidé les lieux de travail : partout c’était le calme plat. C’est sur la route qu’on retrouve certains agents, furieux et menaçants. A la hauteur de la cité UZK, une épaisse fumée noire monte dans le ciel : les pneus sont brûlés.  Et puis, il y a eu quelques jours d’accalmie. Le mouvement a repris le 16 juin dernier avec la descente dans la rue des épouses et des enfants des travailleurs.  Sur les avenues Kasavubu ou Lusangas,  on pouvait alors  voir, face  aux forces de l’ordre, des enfants criant à tue-tête : ‘’nous mourons de faim’’, ‘’nos parents ne savent plus payer les frais scolaires’’, ‘’payez nos parents’’… Le 16 juin, journée de l’enfant africain. C’est ce jour que les enfants ont décidé de marcher.  Ces enfants dans la rue n’ont peut-être pas en tête ce qui se passa à Soweto en 1976, mais ce sont des scènes évocatrices.


A la hauteur des cliniques GCM, le mouvement est stoppé
par les forces de l'ordre



 L’exaspération des travailleurs va crescendo… La Gécamines ne réagit pas. Ou presque. Car, auparavant, en avril, il y a eu quelques promesses faites.  Va-t-elle réellement répondre aux revendications ? En a-t-elle les moyens ? La Gécamines est en difficultés depuis des années. Et pourtant, il y a peu, le Journal d’Entreprise Mwana Shaba  faisait miroiter au public une Gécamines qui, à court terme, devait redevenir ce géant minier espoir de la RD Congo. En effet, il existe une lueur d’espoir avec ce qu’on dénomme Plan stratégique de développement de la Gécamines 2012-2016. Les atouts pour se hisser au sommet des performances sont notamment, d’après ce journal : l’acquisition de nouveaux gisements à Mutoshi, à Deziwa,  Ecaille, Lupoto… Ses réserves seraient passées de 900 000 à plus de 8 000 000 tonnes de cuivre en 2013. Son budget d’investissement aurait augmenté de 630 millions USD à environ 2,8 milliards de dollars.

Avec ces éléments, on peut effectivement croire à une renaissance de ses cendres du Grand Phénix-Gécamines. Mais depuis 2012, jusqu’à ce jour, les travailleurs de la Grande Gécamines semblent être loin d’apercevoir le bout du tunnel. C’est plutôt la misère qui guette ses agents. On ne s’étonne donc point du déclenchement de cette grogne à la Gécamines.  
 Alain Kalenda Ket