LA MISSION CATHOLIQUE DE
DILOLO-POSTE : OCCUPATION DES TERRES
Les chroniques de la Mission de
Dilolo-Poste affirment que la première évangélisation dans la région de Dilolo
s’est effectuée à partir de la mission de Sandoa. Celle-ci, en effet, fondée en
1922, est la première-née de toutes les
missions du bassin de la Lulua dans le Katanga.
C’est le Père Théodord CLAES qui
est le premier prêtre à venir habiter à DILOLO à partir de janvier 1926. Comme
cela se faisait en pareil cas, il se construisit d’abord des logements
éphémères faits de paille et de boue (poto poto) sur l’ancienne route menant à
Saluseke et à Sakambundji à la rive droite de la rivière Dilolo. Pendant
dix-huit mois, il vécut dans ces bâtiments en attendant l’aboutissement des
démarches entreprises par Mgr Stappers en vue d’obtenir à Dilolo un terrain
définitif. Trois grandes chefferies faisant partie du champs d’apostolat
assigné à la mission de Dilolo : Tshisenge, Saluseke, et Kandala.
La
première demande officielle pour obtenir un terrain définitif date du 27
octobre 1925. Mais cette demande mentionne que les Pères missionnaires étaient
déjà depuis deux ans (donc à partir de 1923) en quête d’un endroit favorable
pour l’établissement d’un poste de mission dans cette région. L’Administration
de Territoire de l’époque fit savoir qu’il serait difficile de trouver un
emplacement qui pouvait y convenir. Mais Monseigneur Stappers répondit qu’une
rumeur lui était parvenue qu’une mission non-nationale (ainsi étaient désignées
les missions protestantes) avait l’intention de demander au Gouvernement une
concession de 20 hectares. Sachons qu’à l’époque coloniale, le gouvernement
belge se devait de favoriser autant que possible les missionnaires belges,
c’est-à-dire l’Eglise Catholique. Il voyait de mauvais œil le développement des
missions protestantes qu’il soupçonnait d’être à la solde de grandes
puissances, notamment américaines. Les missionnaires américains étaient déjà
présents à Kapanga (Musumba) depuis 2013. Les missionnaires belges franciscains
avaient pour tâche, entre autres, de contrer l’avancée du protestantisme qui
répandait (je cite), une doctrine pernicieuse. L’article 6 de l’acte de Berlin
n’autorisait pas de faire obstacle aux missionnaires protestants, mais les
belges disposaient d’une large marge de liberté pour favoriser les missions
nationales (catholiques) sur base de la convention de 1906 entre l’E.I.C
(l’Etat Indépendant du Congo) et le Saint Siège de Rome.
Et Monseigneur Stappers
continue : « J’ose espérer que cette nouvelle est privée de tout
fondement et dans l’hypothèse contraire, je voudrais faire remarquer les
démarches antérieures que nous faisions dans le même but. Laissez-moi vous
prier, Monsieur le Commissaire de District, de daigner nous informer du fait et
de faire examiner par l’Administrateur locale de Dilolo, si vraiment aucun
terrain d’une superficie de quelques hectares se trouverait vacant à Dilolo. Je
désire être en possession de votre avis affirmatif, afin de vous faire parvenir
ma demande à adresser ai Gouverneur de la Province. Pour ce qui concerne la
parcelle sise à Dilolo, et qui fut l’objet d’une demande de concession de la
part de Monsieur Correa, mais qui dans la suite ne fut pas acquise, nous
désirons faire l’acquisition uniquement dans le but d’y ouvrir une école pour les
enfants indigènes du Poste, en attendant qu’une concession plus conséquente
soit acquise par nous. (Lettre du 27 octobre 1925).
Par
sa lettre du 4 novembre 1925, le Commissaire de District en guise de réponse,
fit savoir que rien ne s’opposait à ce que Monseigneur fasse une demande pour
la concession gratuite d’un terrain d’un ou deux hectares dans le poste même.
Mais une concession de 20 hectares ne pourrait être accordée dans le poste
même, mais cela serait possible seulement dans les environs immédiats, pour
autant que les terres, objet de son choix, soient libres d’occupation indigène.
A la rigueur, on pourrait encore admettre que tel terrain empiéterait de 2 ou 3
hectares dans le poste même.
Sans
doute que Monseigneur Stappers prit le temps pour examiner l’affaire de tout
près, parce qu’on attendra jusqu’au 29 avril 1927, avant qu’il n’introduise une
demande officielle. Ayant fait son choix d’un terrain situé au sud de Dilolo et
à proximité immédiate du périmètre du poste-état, terrain d’une superficie de
10 hectares environ, il introduit la demande et la justifie en disant que
le terrain est uniquement destiné à l’établissement d’un poste secondaire de
mission qui sera occupé par un missionnaire, et qu’il prévoit, sur le terrain
demandé, la construction d’une maison d’habitation et d’autres construction
nécessaires à l’exercice du culte et à l’enseignement. Dans sa demande, il
insiste encore une fois sur la nécessité d’établir dans cette région une
mission nationale.
Le
Gouverneur de Province lui soumettait le 13 mars 1928 le contrat de cession
ayant la teneur suivante :
Art
1 : La colonie cède gratuitement à la ‘’Mission’’ un terrain situé à
cheval sur le périmètre du Poste d’occupation à Dilolo (District de Lulua)
d’une superficie de 9 hectares environ.
Art 2 : La ‘’Mission’’ accepte
cette donation ; elle s’engage à affecter le terrain uniquement à
l’établissement d’un poste secondaire, ayant pour but principal la création
d’écoles assurant l’enseignement de la population de Dilolo et des environs…
Art 4 : Les chemins et
sentiers indigènes ou autres qui traversent le terrain cédé appartiennent au
domaine public et ne font pas partie de la présente concession, laquelle n’est
faite en surplus que sous réserve des droits exercés par les tiers indigènes ou
non-indigènes.
Cette
convention fut approuvée le 19 juillet 1929. Le décret de l’approbation fut
promulgué dans le Bulletin Officiel le 5 octobre 1929 p.454. Le certificat
provisoire de cette propriété fut délivré par la Conservation des titres
fonciers le20 février 1930 et porta le n° d’enregistrement vol.DXV Folio 76.
Selon
les archives de l’Evêché de Kolwezi
Alain Kalenda Ket
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