Sur l’Internet, cet après-midi de jeudi 31 décembre 2020, le dernier jour de l’année, les réseaux sociaux s’enflamment : le décès de Monseigneur Floribert SONGASONGA est annoncé comme une flambée. La nouvelle devient virale, à la hauteur de la personnalité du disparu.
Ceci est le témoignage d’un prêtre du Diocèse de Kolwezi qui raconte en quelques lignes la vie de son Evêque tel qu’il l’a connu.
Sacré Evêque le 24 aout 1974 par le Cardinal Malula au Théâtre de la Verdure de la Cité Gécamines Kolwezi, Monseigneur Floribert Songasonga n’avait que 37 ans lorsqu’il fut intronisé au Siège épiscopal de Kolwezi. Il succédait à Monseigneur Victor Keuppens, missionnaire Franciscain.
A son avènement, le clergé Diocésain était quasi-inexistant : le nouvel Evêque ne pouvait compter que sur à peine 4 abbés.
Il avait donc comme mission primordiale de donner à cette circonscription ecclésiastique un clergé local. Et c’est là le premier mérite de Monseigneur Songasonga : il est parvenu à jeter les bases d’une église aux couleurs locales. Il consacrera sa jeunesse à parcourir le vaste Diocèse (le 2e vaste diocèse en R.D.Congo, après Kisangani) dans ses coins et recoins, administrant le sacrement de confirmation et réconfortant la foi de ses ouailles.
Dès son arrivée, Monseigneur Songasonga ne va pas se contenter seulement à confirmer les enfants, il va aussi commencer à conférer le sacrement d’ordination sacerdotale à ses fils dans leurs propres villages : de Kolwezi à Dilolo aux confins de l’Angola, en passant par Kanzenze ; de Sandoa à Kapanga et jusqu’à Kalamba aux frontières avec la province du Kasaï, l’Evêque va effectuer des voyages pastoraux dans tous ces villages avec beaucoup de générosité et d’entrain. Les jours d’ordination étaient des événements uniques dans ces missions. Ce jour-là, témoigne un abbé nouvellement ordonné, il n’y a plus de distinction dans le village entre catholiques et protestants ; les païens eux-mêmes et autres animistes oublient leurs propres convictions et sont tous emportés dans une joie sainte et catholique.
Ces ordinations ont suscité la vocation dans les cœurs de plusieurs jeunes de partout au Diocèse. Certains de ces enfants de l’époque devenus prêtres aujourd’hui se souviennent de ces jours fastes qu’ils aiment à raconter avec une précision admirable.
Du point de vue de sa personnalité, Monseigneur Songasonga est reconnu comme étant un homme affable, convivial et débonnaire. Les prêtres le considéraient non seulement comme ce responsable autoritaire (il avait de l’autorité en effet), mais aussi et surtout comme un père ou mieux, un ami qui écoute, accueille, comprend et pardonne. Il était très attentionné à la vie de ses collaborateurs à qui il n’hésitait pas à offrir les moyens conséquents pour leur pastorale : des jeep Land Cruiser dans la plupart des missions de l’intérieur : Kafakumba, Musumba, Kapanga-village, Dilolo, Kasaji, Kanzenze-mission ; meubles, ustensiles de cuisine pour les nouveaux installés ; Bibles, Droit Canon, aubes pour les nouveaux prêtres, subsides pour chaque paroisse de son Diocèse, etc. S’il le faisait, ce n’était pas parce que les ressources étaient si abondantes, mais simplement par sollicitude paternelle, sacrifice et abnégation.
Monseigneur Songasonga a laissé les jalons de développement du Diocèse de Kolwezi. Le nombre 24 semblait bien accompagner son existence, comme il aimait à le rappeler : sacré le 24 aout, il s’en allait du Diocèse de Kolwezi vers l’Archidiocèse de Lubumbashi 24 ans plus tard après avoir rempli sa mission épiscopale. Pour l’avoir vu vivre, nous disons avec Sénèque aujourd’hui, « Quis dubitare potest quin Dei munus sit vita nostra » (Qui peut douter que notre vie [sa vie : ndlr] soit un présent de Dieu).
Monseigneur Floribert Songasonga, Dieu te dit aujourd’hui : « Serviteur bon et fidèle,… entre dans la joie de ton Maitre ».Mt 25, 23.
Kolwezi, le 31 décembre 2020.
Abbé Alain Kalenda Ket
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