jeudi 1 août 2013

Petit Séminaire de Kanzenze, Terre d’espoir…


Cours interne et chapelle
Des générations de jeunes gens sont venues, des horizons lointains parfois, vivre dans cette pépinière du Petit Séminaire de Kanzenze. Expérience envoûtante, la vie du Petit Séminaire de Kanzenze laisse des souvenirs indélébiles. Ceux qui y sont passés ne sont pas tous devenus prêtres, certains ont été aiguillés ou ont choisi d’entreprendre une autre vie. Mais, en évoquant ce village à la terre rouge, situé à 56 km de Kolwezi, tous sont bercés par le doux souvenir de la vie du Petit Séminaire : pensées languissantes d’une enfance insouciante où l’on se préparait, sans oser l’imaginer, à de lourdes responsabilités. A treize ou quinze ans, on acceptait la vie telle qu’elle venait : étudier, prier, travailler, jouer, manger, lire, rire, se taquiner allégrement,… les uns après les autres, les jours se succédaient et on se formait. Plus tard, le destin allait déterminer et sceller le sort de chacun : certains allaient devenir prêtres, d’autres politiciens, agents de l’Etat, médecins, ingénieurs, enseignants, Ministres… tous au service de la nation et de l’humanité. Pour tous, le Petit Séminaire de Kanzenze n’en reste pas moins cette « Terre d’Espoir », comme l’avaient baptisé les anciens. C’est ce souvenir enfoui en chacun de ses fils qui ont vécu dans la mission centenaire de Kanzenze, au Petit Séminaire, que nous voudrions faire revivre sur cette page d’histoire.
Petit Séminaire: salles des classes et bibliothèque

 C’est déjà en 1929 que le Petit Séminaire est créé à Luabo, près de Kamina. Les Diocèses actuels de Kamina et de Kolwezi appartenaient alors à une même circonscription ecclésiastique dénommée PREFECTURE APOSTOLIQUE DE LULUA-KATANGA CENTRAL, administré par Monseigneur Valentin STAPPERS. C’est à cette date qu’on a inscrit les huit premiers séminaristes parmi lesquels se trouvait, sans le savoir, le futur Evêque du Diocèse de Kamina, Monseigneur Barthélemy MALUNGA. La hiérarchie ecclésiastique estima que Luabo était très excentrique et enclavé, pour avoir facilement des professeurs en section Gréco-Latine, il fallait déplacer le Petit Séminaire vers une position plus centrale des missions franciscaines, vers Kolwezi. Pendant deux ans, alors qu’on s’attelait à aménager le site de Kanzenze, le Séminaire a fonctionné provisoirement dans la mission de Kafakumba (créée en 1925). En 1945, le jeune MALUNGA Barthélemy est ordonné prêtre ; en 1947, c’est fut le tour de MAKONDO Sabin à être ordonné. En 1950, Monseigneur STAPPERS dut démissionner, il est remplacé le 25 juin de la même année par Monseigneur Victor KEUPPENS. La Préfecture Apostolique avait déjà pris le statut de Vicariat Apostolique.
Abbé Sabin Makondo, Premier Prêtre
originaire du Lualaba (Kasaji)
Ordonné en 1947
C’est au courant de l’année scolaire 1950-1951 que le Petit Séminaire va ouvrir ses portes à Kanzenze. Le site mythique se met alors en marche, accueillant en son sein, les jeunes gens de Kamina, et ses villages environnants ainsi que ceux de Kolwezi et des territoires de Kapanga, Sandoa et Dilolo. Jusqu’en 1966, les humanités littéraires gréco-latines ont été organisées à Kanzenze. Cependant, par manque de professeurs, il advint qu’on ne pouvait pas y continuer les études jusqu’à la fin du cycle. Les circonstances aidant, le Diocèse de Kamina auquel appartenait toujours Kolwezi, acquit des bâtiments à Saint Antoine de Padoue à la Cité des ouvriers de L’Union Minière du Haut Katanga. Ce qui permit aux formateurs des séminaristes de recourir à la formule dite du « Séminaire-Pédagogie » pour ses élèves des classes terminales. Ils devaient, après Kanzenze, poursuivre les études à Kolwezi au Collège Bienheureux JEAN XXIII tout en étant hébergés dans ce Séminaire qu’on appela Séminaire des jeunes ou « Le Combourg ».



La Madonne

Logement des Prêtres formateurs

Abbé Joseph Irung, actuel Directeur
 A Kanzenze, le Petit Séminaire continuait à former ses fils. Dans les années 1970, toujours par manque de professeurs compétents en latin, on y créa la section scientifique. Mais, en 1976, on décida de revenir à la section Littéraire où les séminaristes devaient apprendre le latin. On voulut donc de nouveau créer un cycle complet de six ans dans la section littéraire. Ce rêve s’estompa net deux ans plus tard lorsqu’éclata la guerre de 6 jours à Kolwezi, le 13 mai 1978. Tous les prêtres et professeurs laïcs européens de Kanzenze plièrent bagages pour retourner en Europe. L’Abbé Paul Mbang, alors Directeur du Petit Séminaire et l’Abbé Gabriel Muzuka restèrent seuls responsables avec la multitude des séminaristes. On trouva la solution d’envoyer les séminaristes des années terminales (5e et 6e Littéraires) à Lubumbashi au Collège Imara. Les jeunes séminaristes de Kanzenze renouèrent avec la section Scientifique et ce, jusqu’à ce jour. L’année scolaire 1994-1995, on y instaura le cycle complet de la section scientifique. Selon les générations, la Terre d’Espoir de Kanzenze vous replonge dans une profusion de souvenirs merveilleux : la messe dominicale enveloppée dans les airs de beaux psaumes et autres cantiques mélodieuses de l’Eglise catholique, le sport et le travail manuel exécutés sous un soleil ardent qu’on ne ressentait même plus, des repas et des fêtes mémorables, le chapelet devant La Madonne, la toilette faite à la hâte dans des douches ou lavoirs incertains, parfois il fallait plutôt courir à l’étang à quelque deux kilomètres et revenir à temps pour la tâche suivante, la Bibliothèque pour tous le dimanche après la messe où chacun selon ses goûts peut prendre des volumes des livres et Bandes dessinées à dévorer avec avidité (Bob Morane, Tintin, Romans classiques… tout y était). Dans ces lieux, point de place pour l’oisiveté !



Dortoirs

Salle d'étude

Salles des classes
La cloche ponctuait tout. Un rythme martial exécuté à la perfection et dont on se demande maintenant comment on a pu mener pareil train de vie exemplaire! Les enseignants, des prêtres pour la plupart, vous accompagnent : ils étaient, oh paradoxe !, autant omniprésents que discrets. A chacun d’évoquer avec reconnaissance le souvenir de ceux qui l’ont marqué comme Professeurs et éducateurs. Les plus anciens penseront au Père Agnello, ou au Père Van Camp, d’autres au Père Bérard. Et que dire de l’Abbé Dany Verstin, excellent footballeur et vaillant travailleur qui a marqué des générations des séminaristes ou de l’Abbé Omer Verbeek, le licencié en mathématique et l’Abbé Frans. L’on peut évoquer la mémoire de l’Abbé Paul Mbang, ou de Monseigneur Nawej Muteb, tour à tour Directeur de cette institution. Souvenir aussi de ces jeunes laïcs venus d’Europe pour vivre l’expérience africaine : Yves Alberty, Jean-Benoît Massart… Et puis alors tous ces autres prêtres africains jadis séminaristes de Kanzenze, devenus à leur tour formateurs : Abbé Muzuka Gabriel, Abbé Emery Muchak, Abbé Sabin Kapend, Abbé Jean Musambu, Abbé Séverin Kawat, Abbé Simon Muhong, Abbé Jacques Mulombu, Abbé Dieudonné Mujinga Ndhumba,  et aujourd’hui, le Directeur Abbé Joseph Irung. Tous ont perpétué, à leur façon, la tradition du Petit Séminaire de Kanzenze, Terre d’espoir…

Alain Kalenda Ket.

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