Le premier centenaire de l’Eglise Catholique de Lubumbashi a été célébré ce dimanche 15 août 2010 au Bâtiment du 30 Juin. La messe qui a duré près de 7 heures a été présidée par l’Archevêque, Monseigneur Floribert Songasonga Mwitwa. Autour de lui, plusieurs autres Evêques venus d’Europe ou des Diocèses du Katanga et une centaine des prêtres ont concélébré cette grande messe devant plus de 50 000 fidèles. Tous, dans une même ferveur ont prié et chanté pour rendre grâce à Dieu de ses innombrables bienfaits accordés à l’Archidiocèse pendant un siècle. La prédication de l’Archevêque, basée sur les lectures de la solennité de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie, a fait voir que la victoire de Marie notre Mère du ciel devant les forces du mal est celle de l’Eglise dans le combat qu’elle livre contre les différentes formes de péché et contre les ténèbres. Comme la Sainte Vierge, les premiers missionnaires se sont battus contre l’adversité, bravant des obstacles de toutes sortes : la faim, les maladies, la fatigue ou le découragement. La lutte contre les forces du mal doit se poursuivre aujourd’hui. Si nous nous appuyons sur le Christ, notre Eglise triomphera. Pour cela, les chrétiens sont invités à passer d’une « foi folklorique » à une foi d’engagement concret, une foi qui produit des œuvres et qui résiste à toute forme d’idolâtrie. En 100 ans, a conclu l’Archevêque, l’Eglise de Lubumbashi est en pleine croissance. Il a invité l’assemblée à confier l’avenir du Diocèse et celui de la R. D. Congo entre les mains de la Vierge Marie.
La messe s’est poursuivie dans la même allégresse. Et le moment des offrandes a manifesté une préparation sérieuse des fidèles pour cet événement de la Messe du Centenaire : à part les divers dons en nature, 9 motos, des dizaines de vélos, des congélateurs, un tank en plastique d’une capacité de 1000 litres, une vache abattue… ont été présentés à l’autel.
A la fin de la messe, les chrétiens accablés par le soleil, mais non moins attentifs et, décidés d’aller jusqu’au bout, ont écouté des discours-fleuves : Le Révérendissime Père-Abbé Représentant de la Délégation Européenne de l’Abbaye de Saint André a été le premier à prendre la parole. Il a retracé l’historique émouvant de la fondation du Diocèse de Lubumbashi par les Bénédictins, au moment où il n’y avait que la brousse sur le site actuel où est bâtie la ville de Lubumbashi. Les lions de la savane boisée de cette contrée ont vu débarquer un autre lion venu d’Europe, celui-là : Don Jean-Félix De Hemptine, surnommé « Le Lion du Katanga ». Il arrivait dans cette contrée avec quatre compagnons. Il fut sacré Evêque en 1932. Ensuite un Abbé a lu le message du Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. Celui-ci a, essentiellement, rendu hommage aux missionnaires, à l’Archevêque et à l’Evêque Coadjuteur, aux Prêtres et aux catéchistes pour l’œuvre d’évangélisation accomplie. Il a invité l’Eglise de Lubumbashi à « l’évangélisation de la culture ». S’en est suivi le message de la CENCO, la Conférence Episcopale du Congo, lu par l’Envoyé du Président de la CENCO qui a souhaité, entre autre, un nouveau bon départ de l’Archidiocèse de Lubumbashi pour le deuxième centenaire. Prenant à son tour la parole, Le gouverneur du Katanga, Monsieur Moise Katumbi Chapwe s’est déclaré fier pour l’œuvre accomplie par l’Eglise Catholique de Lubumbashi. Il n’a pas manqué de souligner que l’œuvre accomplie par Monseigneur De Hemptine est immortalisée, il y a peu, par la débaptisation de l’Avenue Tabora devenue, « Avenue Monseigneur De Hemptine ». Le Vice 1er Ministre et Ministre de l’Intérieur, Représentant du Président de La République s’est étendu sur la Politique du Président et a livré trois messages émanant de ce dernier : message de Paix, message de la Reconstruction de la RDC autour de 5 chantiers et message de la consolidation de la démocratie en RDC. Il a annoncé qu’une Jeep Prado est offerte par le Président de la République à Monseigneur l’Archevêque de Lubumbashi. Enfin, c’est l’Archevêque lui- même qui devait clôturer la série des allocutions : il a rendu un message d’action de grâce à Dieu, aux missionnaires et autres agents d’évangélisation, à tous les hommes et toutes les femmes qui ont soutenu l’œuvre commencée par les Bénédictins. Il a reconnu la collaboration bénéfique et multiforme manifestée par l’apport des Chefs coutumiers, des politiciens, des Chefs d’entreprises, des industriels, etc. A son tour, il a relaté l’histoire de l’évangélisation de l’Archidiocèse de Lubumbashi. Il a ensuite énuméré les défis qui attendent l’Eglise au cours du deuxième centenaire : défi de formation du personnel ecclésiastique, défi du laïcat, défi de l’inculturation, défi de la prise en charge matérielle, défi de l’implantation de nouvelles paroisses, défi de la Justice, de la Paix et de la Réconciliation, défi de la collaboration entre différentes congrégation, défi de la collaboration entre religieux et laïcs, de nouveaux mouvements, défi de l’œcuménisme, défi du développement intégral de l’homme. Face à tout cela l’Archevêque a annoncé la tenue, dans les années à venir, d’un deuxième Synode Diocésain de l’Archidiocèse en vue de définir les grandes orientations pastorales au cours du centenaire qui se met en marche aujourd’hui.
Un peu d’histoire de l’Archidiocèse de Lubumbashi.
Le décret du 06 août 1910 érigea la Préfecture Apostolique du Katanga. Elle fut confiée aux Bénédictins de l’Abbaye de Saint André. Le 29 septembre 1910, la première délégation des Bénédictins foula le sol du Katanga et commença par camper à Elisabethville (Lubumbashi). Elle était composée de Don Jean De Hemptine et de ses compagnons Frère Joachim, un suisse ; Hidesbald, un belge ; Marc de Montpellier. Ils firent leur entrée par la ville du Cap en Afrique du Sud. Deux objectifs essentiels animaient les Bénédictins, à savoir : fonder une Abbaye en Afrique et évangéliser la population autochtone. D’Elisabethville les Bénédictins vont tenter une pénétration dans le Katanga profond et créent un poste à Nguba à 220 Km de Lubumbashi, « un endroit merveilleux », écrivit Monseigneur De Hemptine. Puis ils piquèrent vers Kansenia et y créèrent une mission. La grâce de Dieu aidant, plusieurs autres missions naîtront : Mwadingusha, La Moera, Kapiri, Likasi, Fungurume, Tenke, Kapolowe. A Elisabetville, la première pierre de la construction de la Cathédrale fut posée le 06 juin 1921. C’est à Kapolowe où fut ouvert le premier Monastère en 1930 (le Prieuré de Saint Gérard). Il déménagera d’abord à Kansénia avant de l’implanter définitivement en 1965 sur le site de Kiswishi. Monseigneur De Hemptine fut sacré Evêque en 1932, ce pionnier de l’Eglise de Lubumbashi va consacrer toutes ses énergies à l’évangélisation de l’Archidiocèse et à la fondation des missions dans la contrée par Rome lui confiée.
Le 10 février 1958 Monseigneur décéda inopinément à Elisabethville. La foi et la bravoure marquèrent cet homme : « il avait une foi à déplacer les montagnes, et il en déplaça beaucoup, a noté avec humour dans son discours, Le Révérendissime Père-Abbé Représentant de la Délégation Européenne de l’Abbaye de Saint André ». Le Père Cornélis succéda à De Hemptine et sera le Premier Archevêque de Lubumbashi. En 1967, Cornélis démissionna et le Curé de la Cathédrale Saint Pierre et Paul, l’Abbé Eugène Kabanga Songasonga, fils de cette région, fut sacré Evêque et nommé Archevêque. L’auteur de « Je suis homme » fut un vaillant apôtre de Jésus : ses écrits innombrables et ses prédications percutantes vont conduire l’Eglise de Lubumbashi sur le chemin de l’inculturation. Après sa démission, Monseigneur Floribert Songasonga est nommé Archevêque en 1998. Deux ans plus tard, en 2000, Monseigneur Eugène Kabanga meurt. Monseigneur Floribert Songasonga éprouvera, quelques années plus tard, le besoin de se faire aider dans cette tâche apostolique de conduire l’Eglise de Lubumbashi. Ainsi, Monseigneur Tafunga Jean-Pierre fut nommé Evêque Coadjuteur de Lubumbashi, en 2009. La célébration du centenaire marque un nouveau départ pour l’Eglise de Lubumbashi. Beaucoup est encore à faire, la devise du centenaire nous y invite : « Ite et vos in vineam meam », « Allez, vous aussi, à ma vigne ».
Abbé Alain Kalenda KeT
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